lundi 17 avril 2017

Le sens des rituels

Le sens des rituels



"[...] Le mariage est un autre rituel hautement symbolique. Dans notre monde fait de dualités par la création, l'union de deux extrêmes, le masculin et le féminin, le yang et le ying, nous rappelle la nécessité de retourner à l'unicité. C'est comme cela que je comprends le refus de l'Eglise d'offrir ce sacrement aux homosexuels. Comme personne n'explique ce rituel ésotérique, nous ne pouvons plus en comprendre le sens et réduisons trop souvent cette cérémonie à une formalité administrative. D'ailleurs, quand l'officiant déclare que les humains ne doivent pas séparer ce que Dieu a uni, on en conclut que le divorce doit être prohibé, au lieu de saisir que c'est la création dans la dualité de la matière qui doit être évitée puisqu'elle nous éloigne de l'unicité de Dieu.

Les cérémonies funéraires ont également perdu leur sens profond. On les pratique dans nos pays pour favoriser le processus de deuil des survivants, alors qu'elles étaient à l'origine destinées aux morts. Les traditions anciennes s'accordent à dire que les âmes ne se libèrent pas si facilement du plan matériel et qu'elles risquent d'errer longtemps dans les niveaux les plus denses de l'au-delà. Il s'agirait donc de les aider, par des prières et des incantations, à continuer leur chemin spirituel dans l'amour et la lumière (ajout personnel : c'est ce qu'enseigne le Livre des Morts Tibétains dans le bouddhisme. Aider le défunt à évoluer dans le Bardo-Thödol qui sont les différentes étapes dans l'au-delà).

[...] La méconnaissance du sens des rituels nous fait souvent trouver la religion aride et incompréhensible. C'est ce que je reproche à la plupart des cérémonies religieuses. Elles prennent le moyen pour le but. Elles nous obligent à répéter des pratiques qu'elles refusent de nous expliquer. Sans comprendre les rituels visant à ouvrir les portes de la spiritualité, nous nous retrouvons perdus dans ce bas monde et dans l'impossibilité de trouver notre chemin.

[...] Autrefois, la spiritualité était ésotérique, et son explication était cachée au commun des mortels. Déjà, chez les Égyptiens, les prêtres étaient les garants des pratiques secrètes et l'Eglise catholique a perpétué la tradition qui consistait à ne pas expliquer le fondement de ses croyances. Au Moyen Âge, les seuls livres disponibles étaient ceux qui avaient reçu l'imprimatur. Aujourd'hui, la situation a changé. Internet permet de sonder le fond de la pensée de tous les maîtres qui ont existé depuis les débuts de l'humanité. Il est possible à tout un chacun de tester le mouvement spirituel qui lui convient le mieux. D'un simple clic, Epictète, Durkheim ou Krishnamurti peuvent faire irruption dans notre quotidien. Le résultat est qu'un nombre de plus en plus important de fidèles désertent les églises s'ils ne trouvent pas d'explications et de sens aux rituels, à l'obligation du célibat des prêtres, à l'interdiction du divorce, au rejet du mariage homosexuel, etc." - Bertrand Piccard ("Changer d'altitude", pp. 287/288/289.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire